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Funéraille du P. Joseph Baril, OMI 

Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap
10 Octobre 2013


Évangile selon saint Jean,

Moi, je suis le bon pasteur;
je connais mes brebis
et mes brebis me connaissent

Je donne ma vie pour mes brebis.
J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos,
celles-là aussi, il faut que je les mène;
elles écouteront ma voix;
et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

Mes brebis écoutent ma voix;
je les connais et elles me suivent;
je leur donne la vie éternelle;
jamais elles ne périront.
Et nul ne les arrachera de ma main.


Mon Père, quant à ce qu’il m’a donné,
est plus grand que tout.
Nul ne peut rien arracher de la main du Père.
Moi et le Père, nous sommes un.


Introduction

En ce mois de la mission, en ce jour de la fête de saint François, notre frère Joseph discrètement nous a quittés.  Doucement, sans faire de bruit, il est parti. En fait, il était souvent parti pour faire des tournées missionnaires, mais cette fois-ci,  il est parti pour de vrai, pour de bon comme on dit dans la langue courante.

 

Dans l’Évangile de Luc, le missionnaire, à la suite de Jésus, est un pèlerin, un voyageur: non pas un touriste mais un visiteur. À la suite de Jésus qui est passé en faisant le bien, le missionnaire est celui qui visite les personnes et les communautés. Un visiteur passe et fait une différence: ceux qui l’accueillent ne sont plus tout à fait les mêmes par la suite. Le missionnaire passe dans la vie des gens et des communautés: son seul souci, que le Christ demeure bien vivant parmi eux et entre eux.

 

Un peu comme Marie visitant Élisabeth, Joseph éveillait la vie chez les personnes, il réveillait en elle et dans les communautés le meilleur d’elles-mêmes.
        
Il a d’ailleurs été comme Marie, comblé de grâces car il a été debout jusqu’au bout. Il avait encore plein de projets toujours plus apostoliques, à commencer par le lendemain même de son décès alors qu’il devait présider une célébration de mariage.

 

De la lettre de Paul aux Romains

Nous vivons dans un contexte social et culturel où des «questions de vie et de mort» sont en jeu. On parle de «mourir dans la dignité» et parfois on revendique le droit de mettre fin à sa vie comme on l’entend. Certains réclament le droit de choisir le moment de mourir et la manière de le faire.

Paul, dans sa longue épître aux Romains, nous redit la perspective chrétienne sur le sens de la vie: Paul a trouvé le sens de sa vie dans la vie de Jésus:

“aucun d’entre nous ne vit pour soi-même;
et aucun ne meurt pour soi-même
si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur.
Si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur...
Dans notre vie, comme dans notre mort,
nous appartenons au Seigneur...
Car si le Christ a connu la mort, puis la vie,
c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants...”

Rom. 14   

 

Aujourd’hui, on parle de vivre et de laisser vivre. On parle aussi beaucoup de qualité de vie  comme si c’était un bien essentiel. La qualité de vie est devenue presque un absolu: elle nous donne le droit de disposer de notre vie: on en vient à se considérer non seulement comme responsable de sa vie mais encore propriétaire.

 

Jésus, Paul et Joseph à leur suite ne se sont pas considérés comme propriétaires de leur vie: il l’ont reçue et l’ont donnée. Ils ont fait l’expérience de se recevoir de Dieu, de se recevoir des autres: en réponse à ce don, il se sont offerts à Dieu et donnés aux autres.
         
Joseph ne s’est pas contenté de vivre et de laisser vivre: il a vécu pleinement et a tout fait et mis en œuvre pour que les autres vivent davantage, et reçoivent la vie en abondance promise par le Christ à tous ceux et celles qui le rencontrent, le suivent et le servent.

 

L’Évangile, bonne Nouvelle,

Pour vivre et donner sa vie, Joseph a trouvé dans l’Évangile et dans le Christ les lumières, les énergies et le sens pour devenir un bon pasteur. À partir des besoins du peuple de Dieu, des appels des communautés éloignées, il a répondu: «me voici».

 

Saint Jean nous présente Jésus comme Bon pasteur: celui qui donne sa vie, qui connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Jésus, bon pasteur, appelle des personnes à participer avec lui à la vie du monde:  Il nous associe à son œuvre. À ceux et celles qui acceptent d’être pasteurs avec lui. Jésus les invite à connaître les brebis et à se laisser connaître par elles. De fait, les brebis reconnaissent la voix du bon pasteur: elles lui font confiance et le suivent.

Le pape François actuellement est reconnu comme un bon pasteur: une des raisons est sans doute que les gens se reconnaissent lorsqu’il parle.  Les gens sentent qu’il est proche et parle un langage familier, simple et sans ambages.

Notre ami Joseph  a été un grand missionnaire parce qu’un vrai pasteur. Il mettait l’accent sur les personnes.

Un jour, dans une conférence qu’il a donnée à Ottawa parmi ses confrères, il a parlé de ses missions:    il l’a fait d’une manière très frappante. Non pas en parlant de ses exploits, de ses prouesses ou de ses activités mais en énumérant une foule de personnes par leur nom et prénom.  Pour lui, la mission, à l’évidence, c’était d’abord et avant tout une question de relations, de proximité, d’amitié, de présence simple et cordiale.
 

La mission est un projet de communion avec Dieu et entre les personnes, chacune étant reconnue comme enfant de Dieu, comme un frère, comme une sœur.

Joseph, par la qualité et la gratuité de sa présence, par sa fidélité aux personnes, témoignait d’un Dieu proche, intéressé aux personnes. Il se souciait de leur dignité, il promouvait leur responsabilité. Il était clairement engagé dans l’édification du Corps du Christ en mettant tout en œuvre pour que chaque personne y trouve sa place et son rôle, sa vocation et sa mission.  

 

Robert Larouche, coordonnateur de la pastorale à Kuujjuaq écrit:
“Il portait un sens de la rencontre de tous, toutes, avec un réel intérêt pour chacun...
Il avait un accueil et un cœur pour chacun, croyant ou pas, pratiquant ou pas. Il était très aimé comme quelqu’un d’extrêmement bon et accueillant...”

 

Conclusion

L’évangile de dimanche dernier, tiré de saint Luc, parlait de la mission comme service.

 

Nous sommes appelés à faire tout ce qui est de notre devoir tout en nous considérant en même temps comme des serviteurs quelconque, des serviteurs inutiles.

 

Or, chez Joseph, comme pour nous, un signe que c’est l’Évangile que nous vivons, que c’est le Christ que nous servons, c’est la joie, la joie profonde, la joie qui rayonne sans artifice et irradie l’environnement. Cette joie est un fruit de l’Esprit: elle est profonde et communicative, elle humanise et transforme tout puisqu’elle puise sa source dans la conviction d’être aimé et l’urgence d’aimer toujours davantage.

 

C’est bien ce que vivait Joseph. Puisse-t-il maintenant nous accompagner pour que nous devenions encore davantage des missionnaires zélés mais aussi des serviteurs joyeux qui sèment la joie autour d’eux.


Luc Tardif, o.m.i.
Provincial

 

 

 

 

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