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Le 21 mai 2015

 

 

BONNE FÊTE

Mot de Luc Tardif, OMI

Provincial - Notre-Dame-du-Cap

 

En ce 21 mai, nous célébrons saint Eugène de Mazenod avec reconnaissance et non sans fierté. À chacun de nous, il appartient de temps à autre de s’interroger: “pour nous, qui est-il?” Avec vous, je me livre à cet exercice et vous offre quelques propositions. Qu’elles soient un signe de reconnaissance également à tous nos jubilaires qui fréquentent depuis fort longtemps cette grande figure du passé certes mais qui a aussi un présent et un avenir grâce à l’Esprit qui le ressuscite constamment dans nos cœurs et nos projets.

 

Un père

 

      Comme missionnaires Oblats, en dépit de notre âge parfois avancé, nous ne sommes pas des orphelins. Saint Eugène aimait revendiquer sa paternité vis-à-vis de la famille même s’il reconnaissait dans la foi que le fondateur de notre corps apostolique était Jésus-Christ lui-même. Il était et demeure le père de notre famille, la source du projet qui a rassemblé des milliers d’hommes depuis presque deux cents ans pour vivre l’Évangile ensemble et l’annoncer aux plus délaissés. La vigueur de son intuition et la pertinence de son charisme ont aussi donné naissance à de multiples autres familles religieuses et mouvements d’Église.

 

      Comme un père, Eugène assume la responsabilité de l’ensemble, veille sur la qualité de l’unité des membres, s’intéresse à chacun tout comme aux relations entre eux. Il conseille, réconforte, console, mais encore questionne, interpelle, dénonce et corrige. Un père pour nous, il nous invite par son exemple et son histoire à demeurer bien ancré dans nos milieux pour discerner les besoins de salut et y collaborer avec le Christ Sauveur.

 

Un ami

 

      Saint Eugène fut l’homme des amitiés: il avait plus que de nombreux frères. Il les traitait comme des amis, des interlocuteurs avec qui on partage ses joies, ses peines, ses déceptions, ses espérances. Il échangeait avec les siens avec générosité et s’attendait à ce que l’on fasse de même à son égard. En amitié, l’autre, dans tout ce qu’il vit, nous intéresse, nous préoccupe et nous réjouit. En amitié, l’autre, mon frère, est une grâce, un don mais aussi une mission.

 

 

      Il faut et souvent il suffit de fréquenter les lettres de saint Eugène ou encore son journal pour sentir battre son cœur, avoir accès à sa manière de penser et participer à sa vision que ce soit de la mission, de l’Église ou des personnes. À son insu même, il nous enseigne comment vivre le mystère pascal et demeurer debout dans l’adversité.

 

      Toutes les amitiés qu’Eugène vivait, il les assumait et les approfondissait en présence et en alliance avec le Christ, avec Marie. C’était avec eux qu’il trouvait l’inspiration pour se comporter comme un ami véritable qui veut le bien de l’autre, qui respecte son mystère et son rythme, qui ne démissionne jamais. La demeure de l’amitié, c’est le cœur: «Demeurez en moi comme je demeure en vous.,” dit Jésus aux apôtres (Jn 15). Pour Eugène, l’amitié se nourrit de mutualité et de réciprocité, un échange qui transforme toutes les parties concernées. L’amitié avec Eugène, encore aujourd’hui, est un beau risque car elle ne nous laissera pas inchangé.

 

Un compagnon de route

 

      Comme missionnaires, nous sommes des disciples et des pèlerins. À ce moment-ci de notre histoire, saint Eugène nous invite peut-être à avoir le courage de reprendre la route, de nous remettre en marche. Il était l’homme du renouveau, des commencements, des fondations. “Renouvelez-vous sans cesse dans l’esprit de votre vocation,” répétait-il à temps et à contretemps. Ce n’est pas parce que nous nous appauvrissons sur tous les plans en ces temps de transition que nous sommes condamnés à l’impuissance et à la perte de sens. Au contraire, Eugène nous redit par sa vie et son histoire que la pauvreté est le moteur de la créativité, une source de joie et un tremplin pour toutes les audaces.

 

      Saint Eugène chemine avec nous non seulement pour nous suivre et nous soutenir mais encore comme guide qui, à l’occasion, peut nous orienter et nous indiquer à nouveau la direction qui correspond à ce que nous sommes, les missionnaires des pauvres. Aux croisées de chemin, il est sans doute sain et fécond de le laisser nous éclairer sur ses propres critères lorsque venait le choix d’emprunter telle ou telle route.

 

      Dans le grand mystère de la communion des saintes et des saints, nous sommes donc fiers de vivre quelques amitiés particulières. Au-delà des dévotions personnelles, comme Oblats, nous avons en saint Eugène un père, un ami et un compagnon de route qui nous fait signe, qui nous rassemble et nous envoie dans le monde actuel pour offrir et proposer la gratuité de l’amitié, celle de l’Esprit qui nous donne le goût de l’éternité dans toutes nos relations.

 

      Bonne fête,

     Luc Tardif, o.m.i.

      Provincial 

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