




UNE PANDÉMIE À RICHELIEU
« Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » Julien De Lafontaine, OMI
On se croyait à l’abri, nous étions en fin de 6e vague, et jusqu’à maintenant nous avions réussi à bien gérer les quelques cas de COVID qui s’étaient introduits dans la maison. Puis tout à coup, au cours des deux dernières semaines, une flambée de cas a surgi dans la maison.
Nous sommes 42 résidents et au-delà d’une douzaine d’employés atteints par ce mal. Cela change un peu l’ambiance de la maison. Tout le 5e étage est devenu zone rouge, cela signifie que tous les résidents du 5e sont positifs. Il y a un avantage pour ces derniers qui peuvent ainsi circuler à leur guise sur l’étage sans avoir peur de contaminer leur voisin, mais c’est une épreuve pour le personnel qui doit en tout temps être revêtu de tout le matériel de protection nécessaire. Et malgré tout, le virus réussit à se faufiler çà et là.
Ailleurs les corridors sont plutôt déserts, on évite de se promener inutilement. Les cas positifs doivent garder la chambre, nous ne sommes plus que 14 à fréquenter la salle à manger, et on se demande qui sera le prochain à disparaitre de la circulation. Heureusement, le Seigneur est bon, il n’y a personne de très malade, les 4 doses de vaccin nous ont bien préparés à affronter l’ennemi, et ce dernier a perdu de sa virulence au profit de sa contagion. Pas bête ce petit, il faut ménager sa monture si on veut aller loin. Dans quelques jours, quand tout sera fini, on pourra se réjouir d’avoir collectivement fait l’expérience de la maladie sans que personne en meure, et rendre grâce à Dieu pour notre personnel dévoué et rempli de compassion qui n’hésite à risquer sa propre santé pour prendre soin de nous et faire en sorte que nous ne manquions de rien. Bon voilà, il faut que je vous quitte, on vient de m’apprendre que je suis positif. Il fallait bien que le supérieur finisse par avoir la même odeur que ses brebis.
Gaston Morin, OMI


Gaston Morin, OMI,
Supérieur Maison Notre-Dame, Richelieu