




Récemment, j'ai eu l'occasion de rencontrer les gens du Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur, à Québec, qui m'ont présenté les grandes lignes d'un projet visant à transformer le Centre Durocher en une Maison de la culture. C'est en ma qualité de provincial des Oblats et au nom des religieux fondateurs du Centre que j'ai accepté leur invitation. Le Centre Durocher est en effet un organisme d'éducation populaire et de loisirs mis sur pied par les Oblats de Marie-Immaculée en 1950 au service de la population du quartier Saint-Sauveur, pour remplacer la Halle Saint-Pierre détruite par le feu le 17 janvier 1947. La Communauté l'a administré et animé pendant de nombreuses années.
Le Provincial écrit au Soleil de Québec
«La pérennité de notre mission» - Luc Tardif


«Le maire Lucien Borne tient à son projet. Il fait d’abord asphalter en juillet 1945 le terrain de la halle. Il entreprend du même souffle des négociations avec les Pères Oblats qui dirigent la paroisse de Saint-Sauveur. Une entente est conclue en 1947 alors que la Ville cède une partie du terrain gratuitement pour la construction du Centre Durocher, en l’honneur de Flavien Durocher, curé oblat fondateur de la paroisse.»
Le 27 mars 2016.
"Il est vraiment Ressuscité"
Chers confrères,
Nous célébrons Pâques dans le contexte du bicentenaire de notre famille religieuse. C’est dire un tant soit peu l’importance du mystère pascal tout au long de notre histoire. Elle a été le fait de nombreuses morts et de fréquentes résurrections.
La visite récente du Supérieur général parmi nous a aussi été l’occasion de constater que la mort et la résurrection de Jésus continuent de faire leur oeuvre dans notre corps apostolique. Le Royaume de Dieu est à la fois «déjà là et pas encore». Appelés à être des signes de ce royaume, nous sommes à cet effet confrontés à des combats, conviés à des conversions et parfois surpris par la grâce d’une vie nouvelle.
Nous sommes solidaires et en communion profonde avec tous les confrères :certains vivent des défis majeurs d’expansion, d’autres sèment patiemment les débuts de la prédication évangélique. Plusieurs sont témoins de la fin d’une époque et se sentent étrangers dans ce nouveau monde. Tous et chacun, nous vivons dans la foi. Dieu est à l’oeuvre en cet âge et il nous dépasse: cela ressortait clairement dans le panel qui eut lieu le 15 mars dernier à l’Université Saint-Paul et que vous pouvez revoir sur le site de la province.
«Qui sème dans les larmes moissonnent dans la joie»: après avoir vécu un long Carême et une semaine sainte intensive, il est bon de recevoir la grâce de la joie pascale. Elle est plus forte que nos doutes, nos hésitations et parfois nos démissions.
La rencontre provinciale des Frères, le 19 mars dernier, à Richelieu, fut une épiphanie de la force de l’Esprit tout au long de notre histoire. En faisant mémoire de ces innombrables confrères qui nous ont fait toucher et contempler la grâce du Royaume au milieu de nous, nous prenons à nouveau conscience que le Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement.
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Avec lui et en lui, ils ont tant contribué à ce que les pauvres et nous-mêmes devenions plus humains, chrétiens et saints. Le Christ saura bien nous envoyer demain encore des frères et des soeurs qui poursuivrons cette même mission.
Le temps pascal est aussi l’occasion pour les supérieurs et directeurs de même que les Oblats plus jeunes de se rencontrer pour vivre un temps de ressourcement, de formation et de concertation. Nous confions ce rendez-vous à la prière des confrères de toute la province.
Jusqu’à maintenant, les activités du Bicentenaire dans notre province sont vécues pour une bonne part comme de modestes mais réelles Pentecôtes. Que l’Esprit de Jésus nous garde ouverts et réceptifs aux visitations du Seigneur de sorte que la joie pascale soit notre réel vêtement de fête en toute circonstance.
Cordialement, tous mes vœux de Joyeuses Pâques,
Luc Tardif, o.m.i.
Provincial

(Photo: D. Miny - Terre sainte)

(Photo: D. Miny - Terre sainte)
Le 8 décembre 2015
Fête de l’Immaculée conception.
Chers confrères,
Nous avons connu un bel automne en termes de rassemblements, de collaborations et de ressourcement. Que ce soient la visite de quelques membres de l’administration générale et de la session conjointe, les retraites animées par Fabio Ciardi et André Laroche ou encore l’Assemblée de province, nombreuses furent les occasions de vivre comme des disciples missionnaires appartenant à un corps apostolique qui se prépare à vivre son 200e anniversaire de fondation.
Au cours de ces rassemblements, nous avons pu célébrer la générosité de Dieu, la vitalité du Souffle qui nous anime, la fidélité de nos engagements, la qualité de nos partenaires, etc. Nous avons aussi fait l’expérience de nos pauvretés, de nos fragilités et des choix difficiles que nous faisons et ferons.
Nous nous butons parfois rapidement à nos limites en termes de ressources et de possibilités concrètes. Mais l’écart entre nos rêves et nos forces, entre nos projets et leur réalisation, entre nos directions et nos stratégies, bien que parfois large et en apparence infranchissable, ne nous décourage pas ni ne nous incite à la démission.
Bien au contraire, et encore davantage en ce temps de l’Avent, en compagnie du prophète Isaïe, il importe de demeurer bien enraciné dans le monde actuel, affecté et mobilisé par les promesses et les menaces que notre monde, chez nous ici et ailleurs, connaît. Nous entendons l’appel à élargir les espaces de nos tentes pour nous faire solidaires de tous les rêves et souffrances de l’humanité.
Comment ne pas nous réjouir de l’hospitalité que nous ferons aux migrants syriens? Comment ne pas pleurer avec nos cousins français si tragiquement en deuil? Comment ne pas célébrer la Conférence sur les changements climatiques à Paris et prier pour des résultats encourageants? Comment ne pas nous désoler du sort fait aux femmes autochtones ici même dans notre pays?
Dans notre vie missionnaire et communautaire, il y a un temps pour célébrer et partager, un temps pour nous désoler et intercéder. Il y a aussi un temps pour espérer et agir. La fête de l’Immaculée, en ce 8 décembre et le début de l’année de la miséricorde sont des occasions pour vivre avec plus de profondeur ces différents temps de notre charisme. En contemplant Marie, l’Immaculée et Mère de Miséricorde, nous prenons à nouveau conscience que la vie est un don, que la vie est fragile et qu’elle nous est donné pour être offerte.
Nos mères, tout au long de notre histoire nous rappellent par leur seule présence ou souvenir que nous avons reçu la vie. Dans sa maternité spirituelle, Marie nous manifeste que cette vie reçue est un don. Et ce don exige que nous en prenions soin, que nous le protégions pour que toute vie grandisse et s’accomplisse dans la beauté, la vérité et la bonté. Mère de Miséricorde, Marie nous révèle que toute personne est un don à accueillir, un appel à devenir responsable les uns des autres, surtout des plus fragiles.
Le salut passe toujours par l’expérience de notre interdépendance, de notre souci les uns des autres avec une attention particulière pour les plus pauvres. Nous sommes au service de la vie de nos frères et soeurs pour qu’eux aussi puissent faire l’expérience que leur vie est un don, que nous sommes responsables les uns des autres et que nous habitons une maison commune qui a elle aussi besoin d’être entretenue, protégée et sans cesse élargie.
Comme pays, nous aurons le privilège au cours des prochains mois de recevoir, d’accueillir de nouveaux frères et soeurs. Ils seront des milliers. Il est certes rassurant de constater qu’une immense majorité de nos concitoyens sont heureux et enthousiastes de vivre cet événement comme une grâce, comme une occasion unique de partager nos ressources, nos espaces et nos rêves, mais aussi de recevoir d’eux un supplément d’âme, un regain de vie et un coup de jeunesse.
Et nous, comme famille oblate, que ce soit sur le plan local, régional et provincial, nous serons aussi touchés et affectés: comment répondrons-nous à ce don? A quoi ressemblerons nos attitudes de solidarité, nos gestes de partage, nos engagements missionnaires?
En cette fête de l’Immaculée, notre fête patronale, je confie notre réponse à ces questions à Marie et à l’Esprit pour qu’ils nous inspirent. Dans chaque milieu oblat et parmi nos associés, puissions-nous prendre le temps d’échanger à ce sujet et susciter des conversations aussi avec nos partenaires et nos collaborateurs.
J’ai confiance qu’ensemble nous pourrons apporter notre «pierre» et présenter notre obole comme la veuve de l’Évangile à l’accueil de cette «grande visite» qui veut établir sa tente parmi nous. A l’évidence, cette année de la Miséricorde nous offre dès le départ une occasion de commencer une nouvelle vie.
Bonne fête patronale,
P. Luc Tardif, omi
Provincial
Le charisme oblat
par Luc Tardif, OMI, Provincial
(Notre-Dame-du-Cap)
(DM) Lors de la fête diocésaine à Maniwaki marquant le départ des Oblats de cette région après 164 années d'engagements, le Provincial (Notre-Dame-du-Cap) a rappelé ce qu'est le charisme oblat à l'intérieur des communautés locales et internationales.
Vidéo: Jean-Paul Picard, OMI


Luc Tardif, OMI
Provincial Notre-Dame-du-Cap


Saint Eugène de Mazenod - Fondateur de la Congrégation des Missionnaires oblats de Marie-Immaculée.





Crèche prise dans la Chapelle du Berger, en Terre Sainte
(Photo: Danièle Miny)
Le PRINTEMPS de l'Église
Enfin le printemps donne des signes qu’il veut s’établir. Pour la majorité d’entre nous, l’hiver fut long et froid. Nous espérons tous un printemps doux et ensoleillé. Nous voulons sortir de nos maisons et goûter le plein air sans avoir à se couvrir de multiples protections.
Dans une certaine mesure, le Pape François est en train d’accompagner toute l’Église pour qu’elle opère ce passage de l’hiver au printemps. Il nous invite constamment à sortir de nos «zones de sécurité pour avancer vers le large, pour prendre le risque d’aller en périphérie.»
De la même manière, le triennium dans les projets d’animation proposés et l’orientation du prochain Chapitre général nous invitent à retrouver une certaine fraîcheur dans la communion fraternelle, à une renaissance sur le plan spirituel, à des conversions pour vivre les vœux de manière plus authentique et à de nouvelles audaces missionnaires. Cohérent avec l’Église, notre corps apostolique rêve d’un nouveau printemps pour le charisme oblat.
C’est dans ce contexte que nous célébrons Pâques et vivrons le temps pascal cette année. Dans la foi, en Église, nous célébrons la victoire définitive du Christ sur le péché et la mort, sur les exclusions et les divisions. Pâques, c’est l’avènement d’une création nouvelle, l’émergence d’une humanité réconciliée, le début d’un temps nouveau.
Pour nous, qui participons existentiellement et liturgiquement au mystère pascal, nous vivons souvent le quotidien entre l’hiver et le printemps. Car la vie comme la mort de Jésus font leur œuvre en nous et nous avons peu de contrôle en somme ni sur l’une ni sur l’autre. Comme pour les saisons, hiver et printemps, notre vie missionnaire dépassera toujours nos perceptions, nos souvenirs et nos prévisions. Elle sera toujours pascale. La vie missionnaire est souvent le passage du tombeau vide au jardin habité.
En ce temps de grâce qu’est la grande fête de Pâques qui durera bel et bien cinquante jours, que toute réalité vive ce passage de l’hiver au printemps. Tout en reconnaissant que nous avons peu de prise sur la nature de ces passages au quotidien, deux dispositions peuvent sans doute nous soutenir dans cet itinéraire, celle de persévérer comme disciple, et vivre comme des pauvres qui reçoivent tout comme don de Dieu. De la sorte, nous contemplerons peut-être des jardins même dans ce qui, à première vue, pouvaient apparaître comme un tombeau.
Oui, que l’Esprit du Ressuscité nous donne de reconnaître, parcourir et créer, entretenir des jardins partout où nous sommes. Pourquoi chercher parmi les morts Celui qui est vivant? (Luc 24,5)
Luc Tardif, o.m.i.
Provincial
JOYEUX NOËL
Il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion, et sans peur.
La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu. C’est ainsi que l’ange l’annonce aux pasteurs de Bethléem:
«Soyez sans crainte,
car voici que je vous annonce
une grande joie qui sera celle de tout le peuple.»
Lc 2,10
Le pape François, La joie de l’Évangile, no.23
En ce temps des Fêtes et tout au long de la nouvelle année, je vous souhaite de vivre la joie de l’Évangile, d’en devenir les signes et les artisans partout où vous serez.
Cette joie naît de l’ouverture, de l’accueil, de l’hospitalité.
Cette joie grandit dans la présence aux autres, la proximité, les visites. Cette joie porte des fruits dans la gratuité, le partage et la solidarité. Cette joie rayonne quand on reconnaît qu’elle est un don de Dieu.
Car cette joie nous dépasse: elle est fragile comme l’amitié mais solide comme l’alliance toujours nouvelle avec Jésus le Témoin Fidèle.
Que la joie profonde de l’Esprit soit victorieuse en tout circonstance car elle ne fuit pas les malheurs, ni se dérobe à la misère, elle ne ferme pas les yeux sur les souffrances de l’humanité. Au contraire, cette joie nous y oriente: elle est missionnaire.
Que Marie, Mère de Jésus et Joseph, son époux, nous apprennent à la recevoir et à en témoigner au milieu et au-delà de toutes les «familles» auxquelles nous appartenons.
Cordialement uni à vous, dans la joie de l’Évangile,
Luc, OMI - Provincial
Le 19 mars 2014
Fête de saint Joseph
La place des Frères
Bien chers confrères,
Nous prions maintenant saint Joseph de manière explicite lors de chaque eucharistie que nous célébrons. Comme Oblats, nous nous en réjouissons puisqu’il a toujours occupé dans notre famille une place de choix. Le fondateur lui a même attribué sa propre guérison au début de son ministère. Une de nos anciennes et récentes provinces l’avait choisi comme patron. Mais quand on pense à Joseph chez les Oblats, et spécialement le 19 mars, spontanément nous pensons à nos confrères qui sont Frères. Il est bon qu’il en soit ainsi. Depuis quelques chapitres, on tente vraiment de remettre en valeur le charisme des Frères dans la Congrégation. Le Père Général a écrit à ce propos une lettre percutante. Le Père Provencher me parle à l’occasion et de manière tout à fait légitime de l’importante conférence qu’il avait donnée à Rome lors d’un congrès international des Frères. Nos confrères Frères nous rappellent le charisme de la vie religieuse que nous avons tous reçus et qui nous unit. De fait, nous avons besoin de leur témoignage même sur une base quotidienne car pour des ministres ordonnés, il y a toujours un danger de mettre unilatéralement l’accent sur le ministère presbytéral.…
Les Frères, près des pauvres et des exclus
Sans verser dans les clichés ou la récupération à outrance, je crois que nous sommes tous d’accord pour reconnaître que la santé missionnaire de notre famille a reposé en bonne partie sur les épaules des Frères : sur le plan physique, par exemple, avec les constructions et l’entretien ; sur le plan communautaire avec le sens de l’autre et du service qui les animent ; sur le plan administratif car beaucoup furent engagés dans la gestion des ressources ; sur le plan spirituel et religieux avec leur sens de la régularité et de la fidélité. C’est vrai aussi sur le plan ecclésial avec la proximité qu’ils entretiennent avec les autres membres du peuple de Dieu. C’est encore vrai sur le plan du cœur du charisme oblat : les Frères en général comme en particulier ont toujours été proches des pauvres et des exclus. Dans cette énumération nullement exhaustive, nous pourrions tous « mettre des noms et des visages » à la fois passés et contemporains. Or, le triennium que nous vivons en ce moment vise entre autres à nous convertir à une vie religieuse encore plus radicale, signifiante et féconde. Nos confrères Frères sont sans doute peu intéressés à nous donner des conférences sur la théologie de la vie religieuse. Mais je crois qu’ils pourraient volontiers nous raconter leur histoire et de grandes histoires de vie à la fois discrètes et fécondes, pleines d’audace et toutes parsemées d’amitiés. En ces jours de « retraite spirituelle » que nous offre le Carême, je nous invite à créer des occasions pour écouter les Frères et les inviter à nous raconter leur histoire. Nous risquerons alors de devenir avec eux et entre nous plus fraternels, proches et ... oblats. Bonne fête!
Luc Tardif, o.m.i.
Provincial
Le 17 février 2014
188e anniversaire
de l'approbation de nos Constitutions et Régles par le Saint-Siège
Ottawa, le 15 février 2014.
Richelieu, le 17 février 2014.
Chers confrères, et associé-es et partenaires
1. Contexte
Ce 188e anniversaire de l’approbation de nos Constitutions et Règles par le Saint-Siege s’inscrit dans une dynamique de conversion que nous tentons de vivre, de promouvoir et de maintenir depuis le dernier chapitre général.
Cet appel à la conversion sur tous les plans de notre existence
- que ce soit au niveau de la vie communautaire et religieuse, de la mission, du leadership ou des ressources matérielles, s’inscrit dans la conscience et l’expérience d’un écart dans nos vies personnelles et collectives:
cet appel à la conversion a pour origine deux sources:
- l’écart que nous reconnaissons entre nos vies et le monde des pauvres et des petits: nous perdons du terrain dans la proximité avec le monde... ce monde nouveau est en train de nous échapper, de nous dépasser... nous vivons de plus en plus en marge de nos contemporains....
- l’écart que nous constatons aussi entre ce que nous prétendons être de par nos engagements religieux et ce que nous vivons concrètement: il y a souvent un écart entre les voeux que nous professons et le style de vie que nous menons;
il y a un écart entre l’idéal communautaire légué par le fondateur et celui que nous incarnons dans la vie quotidienne....
Cet écart: dans quel but voulons-nous le combler?
Parce que c’est notre avenir même qui est en jeu: cet écart met en péril notre propre existence, le sens de notre existence, la raison d’être de notre charisme dans l’Église et le monde actuel....
comment y répondons-nous?
Nous voulons y répondre par un plus grand partage de notre foi, par des signes concrets de conversion qui sont encouragés partout....
D’ailleurs, le pape François constate ce même écart dans toute l’Église:
nous avons à nous convertir, à redécouvrir la fraîcheur, la nouveauté et la joie de l’Évangile: sinon l’Église risque de perdre sa crédibilité, le sens de sa mission, sa ferveur spirituelle et son avenir dans le monde actuel....
2. L’Évangile de ce jour
met en scène Jésus qui est aussi à une croisée de chemin, dans une situation de transition et de passage. Jésus vit de manière dramatique un écart grandissant entre son projet et la réalité à laquelle il se butte: il vit dans sa chair et dans son entourage, chez ses contemporains des résistances, des obstacles et une hostilité de plus en plus forte, même violente. Sa vie est en danger.
Cet écart grandissant le pousse à préparer ses disciples au pire: rien ne sert de cacher ou de masquer la réalité. il les prépare à son départ, à sa mort qu’il perçoit comme prochaine. Il veut assurer la continuité, la vitalité et la transmission de son projet, de son rêve, celui de Dieu.
Que fait-il? Il leur fait une promesse: celle du don de l’Esprit de vérité qui les guidera vers la vérité tout entière: c’est sa seule stratégie: peu d’instructions, mais une promesse, celle de l’Esprit de Vérité. L’Esprit les guidera....
Comment combler les écarts:
marcher, se déplacer, avancer, rester en mouvement: une dynamique de conversion, de mouvement.
Pourquoi, vers quelle destination: vers la vérité tout entière, c’est à dire le Christ total, Tête et Corps, le Christ Cosmique. L’Esprit les guidera vers une communion de plus en plus grande. Ils feront donc l’expérience d’une communion de plus en plus large, profonde, universelle, sans exclusive, mais une solidarité sans frontières.
Et cet Esprit s’inscrit dans la continuité. L’Esprit est patient et pédagogue: il leur dévoilera progressivement ce qu’ils n’ont pas pu porter auparavant. Il leur a dit beaucoup de choses mais il n’a pas tout dit. Il leur communiquera son Esprit qui leur permettra d’aller jusqu’au bout de ses paroles, de son message, de sa révélation.
Ce faisant, mystérieusement, l’homme Jésus de Nazareth reconnaît les limites de sa contribution: il n’a pas tout réalisé et accompli: il a apporté sa contribution et confie la suite à ses héritiers.
3. Saint Eugène
a fait lui-même cette expérience d’écarts scandaleux entre la société de son temps et la dignité bafouée des pauvres. Il a fait l’expérience d’un écart entre l’Église voulue par Jésus et l’état tant du clergé que des communautés chrétiennes. Cet écart l’a choqué mais non pas révolté ni paralysé: il y a fait face.
Il a reconnu l’appel de Jésus dans cet écart et s’est engagé d’abord seul puis avec d’autres. Comme Jésus, il a vite pris conscience que pour répondre de manière durable à cet écart, le seul chemin, c’était la communauté, des compagnons. Et nous avons reconnu en cette famille oblate, dans le charisme de saint Eugène, un trésor pour lutter contre les écarts et vivre, promouvoir notre marche vers la communion.
Saint Eugène a reçu et obéi à cet Esprit de vérité qui l’a guidé progressivement vers une vérité toujours plus grande, celle du Christ dans sa tête, dans son Corps. Nous sommes entrés aussi dans cette marche, dans cette mission, animé par le même Esprit qui nous guide aussi vers une vérité toujours plus grande.
Conclusion: Des écarts aux égards...
Aujourd’hui, les défis sont de taille: les écarts sont parfois grandissants, que ce soit entre les riches et les pauvres, entre les nations, entre les chrétiens, entre les religions, entre les cultures.
Et parfois même entre nous: ces écarts, on les constate souvent plus volontiers chez les autres que dans nos propres vies. Nous sommes conviés à recevoir à nouveau l’Esprit de vérité et à nous laisser guider ensemble vers la vérité tout entière.
Saint Paul nous rappelle que la route est longue et difficile mais belle et stimulante. Le chemin pour demeurer en marche, en route et avancer vers la Vérité totale, le Christ total, c’est celui des petites vertus, de la bonté, de la douceur, de la clémence, de la patience; celui de la gratitude, de la reconnaissance envers ce Dieu qui nous guide et nous éclaire par son Esprit à la suite de Jésus. Enfin bref, le chemin de l’amour reçu, partagé, exprimé, célébré.
Que Marie nous apprenne chaque jour à nous remettre en route, à vivre les écarts comme des occasions de manifester plus d’égard envers les autres, l’autre, quel qu’il soit.
Luc Tardif, OMI
Provincial
Le 8 décembre 2013
Fête de l'Immaculée-Conception
Elle est aussi notre compagne de route en ces temps où il semble nécessaire ou de bien réparer celles qui existent déjà, ou d’en créer de nouvelles. Car le monde nouveau dans lequel nous vivons nous invite à inventer des chemins neufs.
La seconde est la célébration de la fête même de l’Immaculée Conception de Marie. Cet aspect marial de notre foi nous rappelle qu’elle fut comblée de grâces et que le salut, dans son histoire, fut aussi de l’ordre de la prévenance et de la protection de Dieu. À la suite de Marie, nous avons également été comblés de grâces et protégés au cours de notre histoire et dans nos missions. Chacun pourrait sans doute partager des souvenirs où la Providence se faisait presque évidence.
Encore aujourd’hui, nous sommes sauvés, c’est-à-dire guéris, libérés et réconciliés dans le Christ lorsque, comme Marie, nous le recevons pour le donner aux autres. Nous participons au salut des autres lorsque nous recevons le Christ à travers ce qu’ils sont, ce qu’ils font. Jean-Paul II disait que le salut des personnes est d’abord la révélation de leur propre dignité.
Une troisième raison de rendre grâces est le début de ce grand projet que nous entreprenons comme Congrégation avec le début du Triennium qui nous mènera au 200e anniversaire de notre fondation.
Ce projet se veut une expression de notre désir de vivre et même de renaître comme famille religieuse, comme corps apostolique, de faire l’expérience d’une nouvelle ferveur spirituelle, d’une nouvelle alliance communautaire et d’un nouvel élan missionnaire.
Le Temps de l’Avent se prête bien à ce nouveau départ tout comme Noël et le début d’une nouvelle année en perspective. Toutes les espérances sont permises quand on lit le prophète Isaïe. Tous les rêves sont possibles quand on contemple Marie dans sa docilité à l’Esprit et qu’on écoute l’Ange conclure leur échange en confessant que «rien n’est impossible à Dieu» (Lc 1).
Nous sommes donc invités à prendre au sérieux les propositions qui nous sont faites et les ressources qui sont mises à notre disposition. Celles-ci sont facilement accessibles par le site oblat de la Congrégation. Nous avons assez de foi et de courage pour ne pas disqualifier trop spontanément ce projet audacieux. Bien au contraire, j’ai confiance qu’au cours des trois prochaines années, nous deviendrons ingénieux pour inclure nos associé-es, collaborateurs et partenaires dans cette conversation.
Le thème de cette première année correspond à une direction missionnaire privilégiée dans notre province : «conversion et communauté». Nos communautés locales sont toutes invités à vivre des rencontres «d’échanges et de partage de foi» et à discerner les appels qui émergent de leurs milieux pour mieux y répondre selon leurs forces et capacités.
Que l’Esprit nous communique, comme il fit avec Marie, la fraîcheur des commencements et la candeur des nouveaux départs.
Bonne fête de l’Immaculée !
Luc Tardif, o.m.i.
Supérieur provincial
Voeux de Noël 2013
et de Bonne Année 2014
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné;
l’insigne du pouvoir est sur son épaule;
on proclame son nom: Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix».
(Isaïe 9)
La bonne Nouvelle à Noël, en fait chaque jour de l’année, et dans toute notre histoire, c’est Dieu. Dieu présent, proche, actif et grandissant dans nos milieux et partout sur la terre. Dieu présent et fragile dans tout ce qui naît, dans tout ce qui grandit, dans toute souffrance, dans toute mort. Que l’Esprit de Jésus nous éclaire donc pour l’accueillir, le reconnaître, l’aimer, le suivre et le servir sur des chemins de vie et de communion.
Ainsi, chaque jour sera comme Noël et la Nouvelle Année deviendra pour tous et toutes un signe du Royaume à venir, «règne sans limite et sans fin, règne de vie et de vérité,règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix».
(Préface du Christ-Roi)
Joyeuses fêtes!
Luc Tardif, o.m.i.
Provincial