




SUCCESSEUR MALGRÉ LUI…
« Dès qu’Eugène entend parler, en 1833, d’une possible succession à son oncle, cette éventualité“l’écrase et lui enlève tout courage”. Au fil de ses réflexions, il expose toute une série de motifs de refus : ‘volonté de se consacrer uniquement à sa famille religieuse, âge avancé et mauvaise santé, désir de repos pour se préparer à la mort...
Il trouve que son oncle lui a joué un vrai “tour de cochon” en démissionnant et en le faisant nommer contre son gré :”Mon plan était tout autre. Cela n’était pas dans mes goûts ni dans mon attrait... J’ai toujours redouté la responsabilité pastorale. Elle tombe sur moi de tout son poids.” Il écrit à son fidèle ami le docteur d’Astros :”La qualité, la charge de pasteur est effrayante aux yeux de la foi... Pour moi, je m’y perds quand j’y réfléchis et j’ai besoin de faire appel à mon inépuisable confiance dans la bonté de Dieu... pour retrouver un peu de repos. “ » (*)
« Agé de presque 55 ans, l’homme qui, en 1837, succède à son oncle sur le siège de Marseille est un lutteur fatigué qui, après bien des épreuves, n’aspire plus qu’à une seule chose : le repos. Il souhaite ne plus avoir de responsabilités et se retirer dans une communauté oblate pour y vivre comme les autres et au même rythme que les autres. ”Dans le commencement de mon ministère, a écrit Eugène, j’allais au galop et la rapidité de ma marche m’empêchait de voir les dangers parsemés sur la route. C’est à peine si j’y pensais et je les craignais peu. Aujourd’hui, je vais à petit pas. Je compte une à une toutes les pierres d’achoppement. Les ronces m’accrochent de toutes parts. Les épines me piquent jusqu’au vif... Les maladies m’affaiblissent. Au moral, les infirmités m’accablent.” (*) Bientôt en effet, quelques mois de repos au cours de l’été 1837 lui deviendront indispensables.
Il sera donc évêque de Marseille contre son gré, par choix de son oncle Fortuné et décision du roi Louis-Philippe…. Vertu héroïque s’il en est que cette obéissance qui va tellement contre les désirs personnels d’Eugène de Mazenod !
Après sa nomination, visites et lettres du clergé se succèdent. Le ton ‘dégradé’ dans les félicitations indique chez un certain manque d’enthousiasme. Ceux qui avaient introduit de longs mémoires pour l’écarter du siège de Marseille vont désormais se tenir cois. Le jeune clergé nommé par lui le secondera, les plus âgés, bon gré mal gré marcheront au pas se contentant de temps à autre d’une opposition passive. Sa vie sera donc moins difficile qu’il ne le craignait.
(*) http://omiworld.org/fr/content/documentation/500/juillet-2008/
par Denyse Mostert
Associée